L’évolution rapide que connaît la société humaine ces derniers siècles, due aux changements constatés dans le mode de pensée, de production et dans les habitudes, s’est révélée, dans le temps, à la fois positive et négative. Ces mutations sont positives et avantageuses pour des raisons que nous connaissons (un gain de temps et une plus grande productivité dans le travail, de meilleurs moyens de communication, etc)… mais elles s’avèrent négatives en ce qu’elles ont provoqué l’anéantissement de certaines valeurs et vertus. Parmi les plus fondamentales de ces valeurs, nous comptons la patience. Elle est, de nos jours, une denrée rare, cette vertu qui fait supporter les adversités, les douleurs, les injures, les incommodités ; et également définie comme la constance, la persévérance à faire une chose, à poursuivre un dessein, malgré la lenteur des progrès, les obstacles, les peines, les dégoûts. Dans un monde où tout le monde veut tout, tout de suite et maintenant, est-il encore possible de patienter ?

La jeunesse, dans son rythme de vie et son mode de consommation, démontre à merveille ce renversement de valeurs. Pour la génération Z, tout est et doit être vite fait: des ordinateurs et smartphones ultra rapides, la restauration rapide, le café instantané,
la livraison rapide, le courrier express, la messagerie instantanée, des plans de régimes rapides, un poste de cadre juste après la fac, des entrées d’un million en peu d’années de travail, bâtir une relation solide en un temps record, un ministère à impact mondial
vite fait, etc. De quoi déclarer une crise mondiale de la patience, laquelle n’épargne pas la jeunesse chrétienne.

En ce vingt-et-unième siècle, patienter devient vieux jeu; c’est ni plus ni moins que se faire souffrir gratuitement. Les bienfaits qui découlent de cette attente et souffrance temporaires sont foulés au sol et donnés aux accros de la “vieille école” de la patience.

En français, le mot patience a la même racine que pâtir(subir une souffrance). En hébreu biblique, le mot n’existe pas en tant que tel. Être patient se dit “avoir un long souffle”, par opposition aux impatients qui ont le “souffle court”, comme dans ce passage d’Esaïe 53:11. En hébreu, il est écrit non pas “il se chargera”, ce qui indiquerait une activité, mais “il souffrira de leurs fautes”. Le mot souffrir qui est employé, est formé sur une racine qui a donné patience(savlanout) en hébreu moderne.

Plus concrètement, ce rapport entre la patience et le souffle nous laisse découvrir le triste sort réservé à celles et ceux qui manquent de patience: un homme impatient, comme un homme au souffle court, n’est guère résilient et est voué au moindre secousse de la vie. La mort, au propre comme au figuré, est la suite logique de toute
forme d’impatience. Il ne fait aucun doute que l’impatience ne produit jamais rien de bon ni d’efficace dans la durée. Nous remarquons, malheureusement, combien la jeunesse, et même chrétienne, ferme les yeux sur l’avenir et les projets de paix que Dieu a formés pour chacun, pour ne voir que l’instant présent qu’elle s’évertue coûte que coûte à vivre pleinement, souvent sans discernement, et selon le modèle du siècle présent.

Dans la Bible, il y a plusieurs passages qui enseignent sur la patience, son origine divine, ses liens avec d’autres valeurs spirituelles et ses bienfaits.

La patience, une marque d’amour

La patience, dans la pensée biblique, est d’autant plus précieuse qu’elle est une des preuves d’amour. Il est dit dans 1 Cor 13:4 que “L’amour est patient…” Manquer de patience, c’est manquer d’amour. Manquer de patience dans le processus de Dieu, c’est
manquer d’amour envers Dieu; manquer de patience dans les relations humaines, c’est manquer d’amour envers ses vis-à -vis.

Une jeunesse revêtue de patience, en plus d’être agréable à Dieu à qui elle prouve son amour, est non seulement gardienne des valeurs
mais aussi d’une efficacité transgénérationelle. Et si jeunesse écoutait ces paroles? Elle s’épargnerait sans doute des scandales de toutes sortes(en amour, en amitié, en famille, au travail, à l’église, etc.) dans lesquels beaucoup de jeunes tombent et qui déprécient de nos jours cette étape de la vie pourtant riche et bénie. De nombreux
autres textes comme Ex 14:14; Prov 16:32; Ps 27:14; 37:7; Lam 3:26; Eccl 7:8; 2 Th 3:5; Eph 4:2 et d’autres, en disent bien plus.

La patience est divine

La patience est le caractère même de Dieu. Au-delà des prophètes de l’ancienne alliance en qui nous pouvons trouver le modèle de souffrance et de patience(Jq 5:10), Dieu reste et demeure l’exemple parfait de ce que c’est qu’être patient. Et même, bien plus, Il en est
la source. La patience est présentée dans Ga 5:22 comme une partie du fruit que le Saint-Esprit produit Lui-même dans le croyant. Cela ne vient donc pas de l’homme, mais de Dieu. La patience est bien divine. Et inversement, l’impatience n’est pas de Dieu, mais de
l’homme, car Dieu n’a pas un souffle court.

La patience est connectée à la prière et à la foi

Autant que la sagesse, que celui qui manque la patience la demande à Dieu, pouvons-nous paraphraser Jacques. Il est évident qu’une telle prière faite avec un cœur sincère ne peut manquer d’être exaucée. En effet, la patience est connectée à la prière (Rom12:12). Si Dieu n’exauce pas tout de suite une prière ou ne désapprouve pas la
requête, Il nous demande d’attendre, et là, intervient la patience.

Entre la prière et l’exaucement, il y a une démonstration de patience et de foi. Et la foi qui est la colonne vertébrale de toute prière, est elle-même aussi connectée à la patience comme on peut le lire dans Hébreux 11:1. Par le fait de patienter, l’on démontre que l’on croit que la situation va changer ou qu’un miracle va se produire. Le Seigneur se sert ainsi de la patience pour faire grandir notre foi, comme l’enseigne la Bible: “l’épreuve de votre foi produit la patience(Jq1:3)”.

La patience, une véritable mine

Les bienfaits qui découlent de la patience sont nombreux. Les Saintes Écritures en énumèrent quelques-uns:

La patience produit la persévérance(Jq5:7-11): Plus on est patient, plus on est endurant, résilient dans l’attente du retour du Seigneur. C’est la qualité qu’il faut pour persévérer en ces temps de la fin où quasiment toutes les prophéties macabres annoncées par le Seigneur et les apôtres sur ces temps apocalyptiques que nous vivons se sont accomplies(Mt 24; 2 Tim 3:1-9, etc.).

La patience aide à bâtir des relations durables(Prov15:18): “Un homme violent excite des querelles, mais celui qui est lent à la colère apaise les disputes”. La patience, cette capacité à supporter le mal, tel que nous l’avons définie à l’introduction, est la clef de voûte de toute relation qui s’investit dans le longterme. La lenteur à la colère ou le fait de supporter le mal, loin d’être une faiblesse, est une valeur, une force et une preuve de maturité et d’amour(voir1Cor13).

La patience donne la capacité d’influence(Prov25:15): “Par la lenteur à la colère on fléchit un prince, et une langue douce peut briser des os”. Cela peut sembler paradoxal, mais il n’en est pas moins vrai. Combien parce qu’ils ont longtemps patienté dans une
salle de réception, n’ont- ils pas impressionné le recruteur lors d’un entretien d’embauche ? Combien par leur “souffle long” n’ont-ils pas fini par conquérir le cœur de la jeune fille? Certainement que leur nombre est infini. La patience peut fléchir le prince(ou la princesse). Qu’on le tienne pour dit: chaque fois que l’on se montre patient, on sort de l’ordinaire et on gagne du crédit auprès de notre vis-à-vis.

la patience permet la maturation(Jq1:4): “Mais il faut que la patience accomplisse parfaitement son oeuvre, afin que vous soyez parfaits et accomplis, sans faillir en rien.” Dites-moi combien vous êtes patient, je vous dirai combien vous êtes mature. L’œuvre
qu’accomplit la patience dans nos vies, permet de mesurer si nous sommes parfaits et accomplis; en d’autres mots, elle évalue le niveau de maturité du disciple. Plus on grandit dans le Seigneur, plus on est patient et on s’en plaint pas.

La patience paie(Ga6:9): “Ne nous lassons pas de faire le bien; car nous moissonnerons au temps convenable, si nous ne nous relâchons pas.” Si nous ne nous relâchons pas renvoit à la patience. Entre les semailles et la moisson, il y a nécessairement un temps d’attente pour le semeur. Évidemment, ce temps de patience finit toujours par payer. Et qu’il est bon de moissonner après avoir longtemps attendu! Le psalmiste dit: Ceux qui sèment avec larmes moissonneront avec chants d’allégresse.(Ps126:5). La patience paie toujours, et cela peu importe le poids de la peine que l’on peut endurer pendant le processus. De toute façon, à quoi servirait la joie si la peine n’existait pas?

Que Dieu nous aide à ne pas nous conformer au siècle présent-où tout le monde veut tout et tout de suite-mais à nous préoccuper à développer les valeurs du Royaume. S’il est vrai que tel Il est, tels nous sommes aussi dans ce monde, alors il est impérieux, jeunes gens et jeunes filles, de rechercher en Dieu la patience et de la vivre pleinement.

Soyez richement bénis!


Daniel Mwatcha est titulaire d'une licence en économie. Écrivain à ses heures perdues car passionné de littérature et de théologie. Par ailleurs, Daniel enseigne la Bible dans son église locale où il est responsable du département en charge de la formation.
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6 Comments
  • Nelson MULUNGU
    Nelson MULUNGU
    2 août 2022 at 1h58

    Merci Mr Daniel MWATCHA pour cette réflexion combien riche et bénissant et aussi , combien facile à prononcer à 8 lettres mais difficile dans le vécu et surtout que se sont des épreuves qui produisent la patience ! ! !

    Gloire soit rendu à Dieu parce que la patience est divin elle n’est pas l’oeuvre humain mais plutôt le fruit de l’esprit or il ne peut y avoir des fruits si l’arbre a atteint la maturité donc la patience est le résultat d’un processus de la maturation que l’esprit fait en nous

    Encore une fois merci très cher Dani fonce encore …

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  • Bokungu glofils
    Bokungu glofils
    2 août 2022 at 12h59

    Fort et vrai

    Reply
  • Chadrack KAMANDA
    Chadrack KAMANDA
    2 août 2022 at 13h28

    -La patience donne la capacité d’influence
    -La patience permet la maturité

    Merci pour cet article. Que Dieu bénisse ce ministère.

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