CULTURE

Pentecôte : De la Tour de Babel à la Chambre Haute

Cet article propose une méditation biblique entre deux récits majeurs : la tour de Babel et la chambre haute. En tant que croyant passionné par la révélation des Écritures, j’ai voulu offrir une lecture spirituelle pour mieux saisir ce que signifie vivre la Pentecôte aujourd’hui. Ce parallèle invite chacun à accueillir l’Esprit de Dieu, à sortir de soi pour aller vers l’autre, et à redécouvrir la force d’une unité fondée sur la grâce.

Traditionnellement, la plupart des chrétiens à travers le monde célèbrent trois grandes fêtes qui marquent les tournants de l’histoire du salut. La première est la Nativité, ou Noël. Vient ensuite la Pâque, célébrant la mort et la résurrection de Jésus. Enfin, la Pentecôte rappelle la venue de l’Esprit, qui fait vivre Jésus dans chaque disciple.

En ce dimanche de Pentecôte, notre message vous propose un bref parcours à travers les textes fondateurs de la foi chrétienne. Nous explorerons notamment les liens entre le récit de la tour de Babel (Gn 11,1-9) et les événements survenus dans la chambre haute, cinquante jours après la résurrection (Ac 2).

Dans Genèse 11, un peuple entreprend de s’unir autour d’un projet ambitieux : construire une ville et une tour dont le sommet atteindrait le ciel. Le texte précise : « Toute la terre avait une seule langue et les mêmes mots » (Gn 11,1), puis : « Allons ! bâtissons-nous une ville et une tour dont le sommet touche au ciel ! » (Gn 11,4). Mais ce projet ne correspond pas à la volonté de Dieu. Le récit montre une rupture profonde entre l’intention humaine et le dessein divin.

Le peuple part de l’Orient (Gn 11,2), symbole dans la Genèse des lieux vers lesquels sont envoyés ceux dont la relation avec Dieu a été brisée : Adam, Ève, Caïn (Gn 3,24 ; 4,16). Leur projet est interrompu. Dieu les disperse, confond leur langage, et met fin à leur construction. C’est Babel. C’est la confusion provoquée par Dieu.

Plus tard, le livre des Actes des Apôtres propose une relecture théologique de cet épisode. Après l’ascension du Ressuscité, les apôtres et plusieurs disciples se réunissent dans la chambre haute — un lieu élevé, rappelant la tour de Babel. Là, « ils étaient tous ensemble, d’un commun accord » (Ac 1,14 ; 2,1), une unité qui évoque celle du peuple de Genèse 11. Mais contrairement à Babel, il n’y a pas ici de confusion : le texte insiste sur la pluralité des langues lorsque le Saint-Esprit se saisit de chacun dans la maison.

Deux clés pour vivre la Pentecôte aujourd’hui :

  • Sortir de nos murs

Vivre la Pentecôte, c’est faire de nos communautés locales des points de départ, et non des points d’arrivée. Se laisser conduire par l’Esprit pour aller à la rencontre de ceux qui sont hors de nos murs, c’est se disposer à recevoir du ciel ce qui nous fera avancer et grandir. Les gens de Babel ont voulu élever quelque chose de la terre vers le ciel (Gn 11,4). Mais ceux de la chambre haute ont reçu du ciel ce qui les a envoyés vers les nations (Ac 2,2.5). Le mouvement de Dieu va toujours de haut en bas, puis de l’intérieur vers l’extérieur.

  • Parler les langues des autres

À la Pentecôte, les apôtres ont proclamé les merveilles de Dieu dans les langues des peuples rassemblés (Ac 2,8-11). Aujourd’hui encore, les disciples de Jésus sont appelés à rejoindre les autres au cœur de leur vécu. Parler leur langage, c’est aussi comprendre leur réalité, leurs peurs, leurs espoirs. C’est là que Dieu se fait entendre.

Le miracle de la Pentecôte, c’est celui d’une foule qui accourt vers Dieu. Une foule symboliquement décrite par trois (le chiffre de Dieu) fois mille (la multitude) — Actes 2,41.

Aujourd’hui, vivre la Pentecôte, c’est choisir de sortir de soi pour aller vers l’autre. C’est se laisser remplir par l’Esprit afin de porter un message compréhensible et vivant, dans la langue du cœur de ceux que Dieu veut atteindre.

La Pentecôte n’est pas un événement du passé, mais un appel du présent. Un appel à devenir, chacun et chacune, une voix vivante de l’Évangile dans notre génération.

Que celui qui a des oreilles entende ce que l’Esprit dit aux Églises… et qu’il réponde : Me voici, envoie-moi.

Tekele Isidore

Pasteur

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